
L’intelligence artificielle et le cerveau humain : une collaboration révolutionnaire pour l’apprentissage ou un danger pour l’humanité ?
Expliquons en premier lieu ce qu’est l’intelligence artificielle, autrement dit « l’IA » :
Le Parlement européen définit l’intelligence artificielle comme tout outil utilisé par une machine capable de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité.
L’IA va bien au-delà du stockage d’informations. Grâce à son entraînement sur d’énormes bases de données, elle peut « comprendre » et générer des réponses adaptées au contexte, comme en médecine ou dans le domaine de la justice.
Aujourd’hui, l’IA est de plus en plus utilisée par les étudiants pour clarifier des concepts, obtenir des résumés d’articles ou préparer efficacement des examens. Les étudiants ne sont pas les seuls à s’en servir : les dirigeants, les managers ou encore les professeurs utilisent l’intelligence artificielle. Certains s’en servent pour filtrer, analyser et utiliser efficacement une quantité importante d’informations, tandis que d’autres l’utilisent pour les aider à corriger des copies lourdes à traiter manuellement.
L’une des plus grandes contributions de l’IA à la mémoire humaine est la complémentarité. Bien que le cerveau humain soit exceptionnel pour la compréhension contextuelle, l’intuition et la créativité, il a ses limites en termes de capacité de stockage et de vitesse de récupération de l’information. À l’inverse, l’IA excelle dans le stockage, le traitement rapide et la récupération d’énormes quantités d’informations.
Siri, Alexa ou encore Google Assistant sont des intelligences artificielles spécialisées dans l’assistance. Elles agissent comme des extensions de la mémoire : on leur demande de mettre de la musique, d’envoyer un message ou encore de faire une recherche sur un moteur de recherche à notre place. Selon certaines études, une majorité de personnes font confiance aux informations fournies par ces assistants, soulignant leur rôle crucial en tant qu’extensions de notre mémoire.
Cependant, cette dépendance à l’intelligence artificielle pose des défis. Une étude de l’université de Californie a montré que la sur-confiance en la technologie pourrait affaiblir notre capacité de mémorisation. Il est donc essentiel d’équilibrer notre utilisation de l’IA avec des exercices cognitifs pour renforcer notre mémoire.
Quel lien entre l’intelligence artificielle et la mémoire humaine ?
Nous entendons de plus en plus parler du « téléchargement de l’esprit ». C’est une technique hypothétique qui pourrait permettre de transférer un esprit d’un cerveau à un ordinateur, en le numérisant au préalable. Un ordinateur pourrait alors reconstituer l’esprit en simulant son fonctionnement, au point qu’il serait impossible de distinguer un cerveau biologique « réel » d’un cerveau simulé par un ordinateur.
En théorie, le téléchargement des structures neuronales d’un individu dans un système numérique pourrait permettre de simuler son fonctionnement cognitif. Le fonctionnement cognitif inclut la perception, l’attention, la mémoire, le langage ou encore les processus intellectuels. Les obstacles à franchir pour atteindre ce type de fonctionnalité sont néanmoins innombrables et très difficiles à résoudre. Le problème le plus ardu reste la récupération du modèle cérébral d’un individu. À ce jour, aucune technologie n’est en mesure de numériser la complexité du cerveau humain. Ce dernier contient environ 100 milliards de cellules nerveuses, appelées neurones, toutes reliées individuellement à un grand nombre d’autres neurones. Les signaux échangés entre ces connexions sont de mieux en mieux compris. Ils reposent sur des échanges à la fois chimiques et électriques. Il faudra donc encore plusieurs années avant d’avancer vers une technique de sauvegarde de la mémoire humaine.
Aujourd’hui, le grand programme européen Human Brain Project cherche à reproduire le fonctionnement du cerveau, et les interfaces cerveau-machine font de plus en plus parler d’elles. Jean-Gabriel Ganascia, spécialiste de l’intelligence artificielle, président du comité d’orientation du Cycle de Hautes Études de la Culture et membre du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des mémoires, fait le point sur les liens entre cerveau humain et machines.
Qu’est-ce qu’une interface cerveau-machine ?
« Il y a une cinquantaine d’années, des travaux ont été conduits : l’activité électrique du cerveau peut être enregistrée par des capteurs situés sur le cuir chevelu ou dans le cerveau et servir à diriger un bras articulé, par exemple. Ces interfaces sont très utiles pour les personnes atteintes de handicaps moteurs. Dans ce cas, la machine se commande directement par la pensée. »
Pourrions-nous télécharger notre cerveau dans une machine ?
« Transférer notre mémoire sur une machine est un désir d’immortalité qui existe en chacun d’entre nous. Si ce désir venait à aboutir, ce serait comme continuer de vivre en dehors de notre corps. Cependant, aucun résultat scientifique ne permet d’envisager une duplication de nos consciences et de nos émotions sur des puces électroniques. Avant d’envisager cela, il faudrait élucider le fonctionnement du cerveau humain. Toutefois, envisager une conscience séparée d’un corps soulève plusieurs questions d’ordre éthique et existentiel. Que signifie être un homme ou une femme si l’on n’a pas de corps ? Les genres subsisteraient-ils ? Quelle expérience du monde ferions-nous ? »
Elon Musk et sa start-up Neuralink
Neuralink est une start-up américaine spécialisée en neurotechnologie et transhumanisme, cofondée en 2016 à San Francisco pour la recherche et le développement d’implants cérébraux et d’interfaces neuronales directes. La société vise à développer des puces électroniques pouvant être intégrées dans le cerveau, par exemple pour augmenter la mémoire, piloter des terminaux par la pensée ou encore mieux associer le cerveau et l’intelligence artificielle. Elon Musk a d’abord expérimenté ses tests sur des animaux, avant de demander une autorisation pour les implanter sur le cerveau humain. Il a obtenu cette autorisation en 2023 et a annoncé le 29 janvier 2024 que Neuralink avait implanté avec succès un dispositif chez un être humain. Il a ensuite déclaré que le patient se rétablissait bien et ajouté que les premiers résultats montraient une détection prometteuse des pics neuronaux.
Quelques semaines plus tard, Neuralink a présenté la personne ayant reçu l’implant. Celle-ci, devenue tétraplégique après un accident de plongée ayant luxé ses vertèbres C4 et C5, a démontré sa capacité à déplacer « par télépathie » un curseur sur un écran d’ordinateur pour contrôler la musique et jouer à des jeux comme les échecs. Elle a exprimé son soutien à l’implant, qui améliore considérablement sa qualité de vie.
Le but de Neuralink est de permettre aux personnes gravement paralysées de contrôler un ordinateur, un bras robotique ou un fauteuil roulant par la seule activité cérébrale, et, à terme, d’augmenter les capacités humaines.
En conclusion, l’intelligence artificielle complète nos capacités cognitives en améliorant le stockage et l’accès aux informations, tout en soulevant des questions sur notre dépendance technologique. Les interfaces cerveau-machine, comme Neuralink, offrent des avancées prometteuses, notamment pour les personnes handicapées, mais soulèvent aussi des enjeux éthiques et techniques. L’idée de télécharger la conscience reste hypothétique, illustrant les défis liés à la compréhension du cerveau et à notre conception de l’identité humaine face à ces innovations.
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